Découverte Le Chettinad, au cœur de la culture rurale indienne
Cette région du sud de l’Inde, connue pour sa cuisine, a été façonnée par des marchands voyageurs aux XIXe et XXe siècles.
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La route serpente entre les rizières d’une Inde du Sud rurale et bucolique. La brume de chaleur renforce l’impression d’intemporalité, au cœur d’une carte postale surannée, des palmiers en arrière-plan. Des motocyclistes klaxonnent, des familles entières serrées sur les porte-bagages, tout sourire. À l’entrée du bourg de Kanadukathan, des singes sautent d’un mur décati à l’autre. C’est alors le choc visuel : une enfilade de palais, de part et d’autre d’artères de terre rouge tracées au cordeau.
Une communauté de commerçants
La micro-région du Chettinad concentre près de 15 000 demeures palatiales, réparties dans 73 villages. Longue de 80 kilomètres, elle se situe au sud de Pondichéry et à l’est de Madurai, dans l’État du Tamil Nadu. Ses maîtres d’œuvre ? Les Chettiars, une communauté de commerçants qui connut une période florissante de 1850 à 1947, date de l’indépendance de l’Inde. Ils devinrent au fil du temps les banquiers de l’Asie du Sud-Est, précurseurs du microcrédit, mais à but lucratif. Puis ils choisirent d’investir en masse dans leur demeure, reflet de leurs richesses. Leur teck provenait de Birmanie, leur marbre d’Italie, leurs miroirs de Belgique…
« J’essaie de maintenir cet héritage en état », confie Mister Chandramouli au sein de son valavu, la traditionnelle cour intérieure encadrée de piliers sur une plateforme surélevée. Vêtu d’un dhoti blanc (une sorte de pantalon-paréo), il montre avec fierté des photographies de ses enfants qui, à l’image de leurs ancêtres, ont pris le large, à Bombay, en Malaisie et au Canada.
Les balades à travers cette campagne, à pied ou à vélo, longent les bassins qui servent à irriguer les champs, au milieu des paons sauvages. Chaque village est doté d’un sanctuaire dédié aux divinités locales. Autour d’un arbre sacré, d’immenses animaux en terre cuite sont alignés : des chevaux, des vaches, des éléphants… Des prêtres potiers ont réalisé ces offrandes au dieu protecteur du village, également faiseur de pluie. Sur les marchés, les nattes débordent d’ananas et de patates douces. De quoi ouvrir l’appétit avant un succulent pepper chicken servi sur une feuille de bananier.
Mathilde Giard
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